WorldShare et le catalogueur

Crystal ball, par marimbajlamesa [CC BY-ND, via Flikr

Crystal ball, par marimbajlamesa [CC BY-ND, via Flickr

Imaginons que mon Université choisisse de rejoindre l’accord-cadre SGBm pour la « deuxième vague » de déploiement. Imaginons que le scénario retenu pour le catalogage implique qu’on travaille à partir d’un des systèmes sélectionnés à l’issu du dialogue compétitif.
A quoi ça ressemblerait?

J’ai cherché à comprendre un peu mieux ce qui pourrait changer dans la vie d’un catalogueur Sudoc dans un système « nouvelle génération », tels qu’ils sont envisagés dans le cadre du projet SGBM.
Pas toujours facile de trouver des infos claires, ce à quoi je vois plusieurs raisons :
– les produits ne sont pas encore aboutis
– la partie catalogue n’est pas la priorité des prestataires, et elle va l’être de moins en moins ;
– on ne peut pas trop en montrer aux concurrents pour ne pas se faire piquer les bonnes idées

Vous avez peut-être vous-même des questions et/ou des réponses, tous les commentaires sont les bienvenus. Si vous avez des questions « de base », parce qu’on est quand même sur du prospectif et que bon, c’est pas toujours évident, je tâcherai d’y répondre aussi précisément et clairement que possible (si je sais répondre).

Penchons-nous d’abord sur OCLC et son WorldShare Management System.

WorldShare, la révolution?

Je suis tombée sur ce récit d’expérience avec WorldShare (WMS ou Worldshare Management Services, chez OCLC), enregistré en 2012 au congrès annuel de l’ALA (American Library Association).

Vous allez voir comme c’est révolutionnaire, comme concept.

Cette catalogueuse expérimentée explique donc ce qui change quand on se met à utiliser WorldShare ou Worldcat local. On fait du catalogage partagé. On travaille en réseau. Le truc de fou. Genre on crée une notice, et quelqu’un d’autre dans le réseau peut passer derrière et compléter/améliorer.
Ça ne vous rappelle rien ? Les catalogueurs OCLC viennent de découvrir le Sudoc.

Hin hin hin. Je ricane un peu parce que cette dame fait l’erreur du débutant : elle croit que le catalogage partagé c’est forcément quelqu’un qui repasse derrière pour améliorer la notice. C’est oublier qu’un catalogueur moins expérimenté peut aussi faire des erreurs et empirer la notice, plutôt.

Hin hin hin. Je ricane aussi parce que tandis que cette dame rêve des tables des matières qu’elle espère voir ajoutées par les catalogueurs du réseau, l’un des débat de notre dernière réunion de catalogueurs maison était : « que faire de ces 359 (champs table des matières) à rallonge qui encombrent les notices qu’on récupère en local ». Oui, bon, je ricane parce que je fais partie du comité de défense de la 359.

Quelles différences au fond?

Ce que propose WorldShare (d’après son site Web) :

Gérer les notices rapidement et facilement
– créer et enrichir les notices Worldcat existantes
– gérer/supprimer les exemplaires dans les notices Worldcat
– gérer les exemplaires et les notices bibliographiques en local
– sauvegarder le travail en cours sur les notices bibliographiques [ça fait partie des demandes qui ressortaient dans le J’aime/J’aime pas WinIBW]
– chercher et afficher les notices d’autorité de la Bibliothèque du Congrès [on peut imaginer qu’on développerait pour nous un lien vers IdRef]
– intégrer des suggestions automatiques d’autorité-matière FAST [là encore on peut imaginer un développement pour nous avec une version Rameau]
– export des notices bibliographiques par connexion TCP/IP vers le système local
– lien vers le RDA Toolkit grâce à l’authentification IP [on ne sait jamais, ça pourrait nous être utile un jour]

Il y est précisé que les fonctionnalités de gestion des notices seront implémentées au second semestre 2014. L’occasion de rappeler qu’on s’intéresse dans le cadre du projet SGBm à des produits en cours de développement, d’où le choix du dialogue compétitif pour départager les candidats.
Une vidéo introductive est proposée (en anglais) dans laquelle on peut voir à quoi ressemble l’interface.

WMS_records

Sexy, hein? Non, cherchez pas, si vous voulez du glamour, c’est en Suède que ça se passe.

OCLC n’est a priori pas attaché à la complétude des notices. Un catalogueur peut créer une notice d’acquisition, les autres venir la compléter au fur et à mesure des opportunités/besoins.
Ce qu’on fait déjà aussi, en fait, avec la possibilité de créer des notices d’acquisition dans le Sudoc. Sauf que WordlShare ne doit pas avoir le même système de facturation que l’Abes, m’enfin bon.
[Edit : on me fait remarquer chez OCLC que mon affirmation est fausse. Je rectifie : OCLC dans WMS n’exige a priori pas la complétude des notices en création, si on en croit les propos de Becky Culbertson. Mais ils sont attachés à la qualité des notices dans Worldcat.]

On peut se localiser directement sous une notice OCLC au lieu de la dériver. Ce qui signifie qu’au lieu de jouer collectif au niveau français, il peut jouer collectif au niveau mondial.
Mais tout le monde peut modifier la notice-mère (« master record »)? Vraiment? Ils ont confiance chez OCLC.
Sur le marché européen nous n’avons pas les mêmes règles de catalogue, nous ne suivons pas les mêmes normes et nous n’utilisons pas les mêmes référentiels. Qu’à cela ne tienne. Ce que je comprends de discussions avec experts, c’est qu’OCLC ne voit a priori pas les doublons comme un problème. On peut donc faire cohabiter dans WorldShare X notices décrivant un même document, le dédoublonnage se faisant de façon automatisée a posteriori. La notice que nous compléterions / modifierions pour notre usage cohabiterait donc avec les notices utilisées/modifiées par d’autres bibliothèques.

Et pour ceux qui se demande ce qu’on fait aujourd’hui quand on travaille sur une notice OCLC, je vous recommande ce billet Punktokomo et le tutoriel Abes qu’il contient !

 

3 réactions sur “WorldShare et le catalogueur

  1. Savez que WorldCat et le catalogage partagé existe depuis 1971? Donc bien avant le SUDOC qui si je ne m’abuse a intégré les notices de trois réservoirs en réseau Auroc (OCLC), Sibil (réseau suisse) et BnF dans les années 90! J’ai du mal à croire pas que Becky Culberts de la video découvre le SUDOC, comme vous dîtes.
    A propos du catalaogage dans WMS, si les informations ne vous semblent pas claires, pourquoi ne pas demander à la source plutôt que d’extrapoler à partir de pages Web? Je me demande aussi comment vous pouvez affirmer qu’OCLC n’est pas attaché à la complétude des notices? Vos conclusions ne seraient-elles pas un peu hatives et partisanes? J’attends avec impatience vos analyses sur le catalogage dans les autres systèmes de gestion de bibliothèques dans les nuages …

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    • Tout d’abord, je vous accorde que mes conclusions sont certainement partisanes, c’est un blog qui n’a aucune prétention à l’objectivité. C’est aussi pour cela qu’il est ouvert à commentaires, et que chacun est invité à compléter / apporter un nouvel éclairage / contredire mes propos. Je suis donc ravie que vous ayez laissé le vôtre, bien que j’en déplore l’agressivité et l’absence d’éléments concrets. Dommage, car ce que vous ne précisez pas dans votre commentaire, c’est que vous êtes vous-même chargée de clientèle chez OCLC France, si je ne m’abuse.
      Non, pour moi WMS n’est pas l’outil idéal de catalogage et il ne représenterait en rien un progrès par rapport à l’outil que nous utilisons actuellement. Il a d’autres qualités, est un pas en avant par bien des aspects, mais je me limite ici à l’observer à la lumière de nos pratiques de catalogage dans le réseau Sudoc. Et là, je ne vois rien de nouveau.
      Ce que j’ai vu pour l’instant chez les concurrents ne m’enthousiasme pas plus, rassurez-vous.
      A mon sens, Worldcat est un catalogue unifié, des notices y sont versées par les bibliothèques partenaires, mais ce n’est pas un outil de catalogage partagé et il n’est pas comparable en ce sens au Sudoc.
      Oui, le Sudoc est issu de la fusion de divers réservoirs, et ne date même que de 2000, mais il est depuis alimenté par un réseau de catalogueurs qui partagent outil de production, notices, formation, et pratiques.
      En ce qui concerne la complétude des notices, je me base sur les propos de Becky Culbertson à la fin de sa présentation (je précise que je « n’extrapole pas » à partir de pages web, mais que j’ai regardé/écouté attentivement les deux vidéos mentionnées ici, lu notamment les informations présentes sur le site OCLC, et que je suis tout à fait en mesure de les comprendre).
      Becky Culbertson, donc, explique que ça ne pose plus de problème de créer dans WMS une notice « embryonnaire », puisque d’autres viendront derrière la compléter. La complétude est peut-être visée à terme, mais elle n’est pas un pré-requis pour valider une notice. Nous fonctionnons sur un mode a priori différent : la première notice créée doit l’être complètement et de manière exhaustive, ceci afin de permettre aux autres bibliothèques d’identifier la ressource sans ambiguïté et d’avoir le moins possible à y retoucher.

      Je me demande, et vous avez peut-être la réponse, comment pourrait être géré au niveau du réseau français le workflow décrit dans ces présentations? Nous ne travaillons pas avec les mêmes normes ni les mêmes référentiels que les bibliothèques anglo-saxonnes. Pas question donc d’écraser la « master record » dans Worldcat pour la remplacer par la nôtre. Il s’agirait donc bien de faire cohabiter dans des réseaux distincts des notices différentes décrivant le même document? Ou part-on du principe qu’avec l’outil, nous devrions adopter les normes du réseau existant?
      Dès que je peux, je creuse.

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      • Dans WorldCat, il y a des experts qui participent au programme d’enrichissement et de qualité des notices appelé Program for Cooperative Cataloguing : PCC. Les notices PCC sont complètes ainsi que les notices CONSER pour les publications en séries. Ces masters records ne peuvent être remplacées et sont protégées. Il y a aussi un guide de qualité qui explique aux bibliothèques membres dans quels cas créer et modifier une master record. Il y a aussi ce qu’on appelle les notices parallèles c’est à dire des notices descriptives d’une même oeuvre cataloguées dans différentes langues qui sont clusterisées par le FRBR et le programme GLIMIR pour l’affichage dans WorldCat.org. La validation de la notice contrôle le respect du format avant l’enregistrement et signale les erreurs de catalogage. La qualité repose sur l’engagement de ses membres c’est à dire des bibliothéques participantes. Il y aurait beaucoup d’autres informations techniques à ajouter qui m’entraineraient trop loin et aussi des points importants que j’ignore peut-être.
        Pour ce qui concerne les formats, il est question de développer l’UNIMARC. Déjà à partir de WMS on peut exporter des lots de notices en UNIMARC basées sur des requêtes personnalisées dont on peut programmer l’exécution régulière. Pour ce qui est du workflow, plusieurs options sont possibles afin de préserver le niveau local souhaité. Cela a été étudié par nos spécialistes. Déjà le SRU mis en place entre le SUDOC et WorldCat fait partie des options. Comme vous connaissez l’intérêt d’un catalogage partagé, je ne vais pas m’étendre sur le gain de temps et la suppression des tâches redondantes comme l’importation de notices identiques dans de multiples systèmes. La finalité n’est pas à mon sens d’introduire des rivalités entre catalogues mais de rencontrer les besoins des utilisateurs finaux qui ne se soucient pas de nos usages professionnels mais bien d’obtenir le document dont ils ont besoin rapidement au point où ils se trouvent à partir d’une interface intuitive et facile à utiliser. Donc creusons!

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